Les Temps sont durs!

Newyork14100609

« Je sais combien c’est difficile en ce moment pour les photographes… »
Cette confidence d’une incontournable du photojournalisme New Yorkais résonne encore dans mes oreilles.

A la sortie des bureaux de Gamma US sur Avenue of the Americas, ce jour là, il pleuvait. On aurait cru que le ciel savait déjà que les gens qui animaient cet endroit allaient tous être foutus dehors. C’est ainsi! Il est de vieilles gloires qui ne demeurent intactes que dans l’esprit.
Le moins que l’on puisse constater, avec dépit, c’est que les agences photo françaises ont perdu dans la dernière décennie la place qui était la leur dans les années 80. Je ne suis pas un de ces photographes qui a connu l’age d’or du photojournalisme à la Française. Je suis arrivé bien après les redressements fiscaux des uns et les problèmes de gestion des autres. Dans un paysage déjà bien désolé, où la seule règle est de faire beaucoup avec très peu. Je suis de ces photographes qui ont accepté, à tort, de bosser dans une précarité inouïe juste pour une poignée de dollars (en fait, d’euro à l’époque). Aujourd’hui « the place to be » est à New York. Peu importe le type d’image que l’on produise, Big Apple est devenue la capitale de la photo. Une nouvelle plaque tournante où se rencontrent les courants les plus forts. C’est un peu le Cap Horn de l’image moderne. Un endroit dur, tourmenté, où la vitesse, le flair, l’agressivité au combat, la ténacité sont de rigueur pour tenir professionnellement.

En fait, les Etats-Unis sont à la pointe. Technologiquement, économiquement, hégémoniquement.
AP,Getty,Wireimage,Corbis.
Quatre noms qui raflent les prix, les parts de marché et attirent les photographent à eux. D’autres agences, et pas des moindres (Polaris créé
par Jean Pierre Pappis, ZumaRedux), leur emboîtent le pas, démontrant jour après jour la vitalité d’un secteur que l’on dit moribond
outre atlantique. Alors quoi? Les photographes français sont ils mauvais? Ont-ils perdu le feu sacré? La rage de vaincre ?? La fureur du Dragon ???  Non, assurément non!

L’Oeil public, Tendance Floue, In Visu, comptent parmi les collectifs les plus actifs de l’hexagone et réunissent une majorité de photographes talentueux. (me pardonnent ceux que je n’ai pas nommés ). Certains, comme Bruno Fert, remportent mêmes les plus hautes récompenses. En fait, si l’industrie se meurt, ceux qui l’ont faite et qui la feront renaître sont encore bien vivants. (à voir l’interview sur Photographie.com de J.F Leroy sur ce sujet). Tout est histoire de mentalité. De prise de risque, de capacité à prendre ces risques.

Tout est histoire de modernité.

Pas la peine de trembler face au Web 2.0. Pas la peine de remettre en cause le salariat ( « non, nous on salarie pas les photographes, si tu viens chez nous, tu dois savoir prendre des risques… »), ni les droits d’auteurs, le copyright.
Ce n’est pas la faute au people ou au sport. A la Star’Ac ou la Nouvelle Star à la TV ou au manque de pubs…

A chercher des excuses, on ne trouve pas de solutions.

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