La Photo Manipulée…

Quatre missiles pointant vers le ciel pour incarner la puissance de l’Iran. Voilà le message que cette image distribuée par Sepah News, l’organe de presse officiel Iranien, était chargé de transmettre au reste du monde. L’enjeu pour la République Islamique d’Iran était capital: démontrer à Israël et ses voisins qu’il était bien en mesure de frapper où et quand bon lui semblait. Une guerre psychologique aux enjeux terribles. Lorsque l’AFP distribue les clichés mercredi dernier, l’image fait immédiatement le tour du web et des publications. Trop vite… Sur une capture vidéo prise au même moment à un angle identique et sur une photo prise quelques secondes après, on s’aperçoit que ce ne sont que trois des quatre missiles qui ont été lancés. Mahmoud Ahmadinejad se serait il mis à Photoshop? Il semblerait bien. Jeudi l’AFP publiait un correctif mais trop tard, nombre de publications comme le Los Angeles Times, le Financial Times et le Boston Globe avait mis à la une cette image de propagande.

L’agence filaire Française a évidement été la cible de toutes les attaques. Négligence, influence, manque de professionnalisme… Tout a été bon pour surligner LA faute suprême.

Une tite nalyse d’image
Évidement la plupart des journaux ont fait preuve de pédagogie en publiant, dès le vendredi, un correctif largement illustré, appuyé des analyses d’usage sur la déontologie journalistique en vogue dans leur canard.
Le premier à avoir levé le lièvre semble t’il serait Little Green Footballs et ce, dès mercredi. Quant aux éditeurs de Getty, l’agent US de l’AFP, aucune chance qu’ils ne relèvent la manip puisque d’après le director of photography Pancho Bernasconi le flux AFP arrive à part et que personne n’y jette même un oeil… Le missile manquant photoshopé avait donc toutes les chances d’atteindre (paradoxalement) son but.

La Question de Fond
Voilà déjà quelques jours que je suis sur ce post. L’actu des missiles arrive et je décide de traiter l’information. Un État manipule une image pour communiquer sur sa situation en tant de guerre. Plutôt un bon sujet, je veux le mettre en perspective, étayer mon point de vue… Puis mon boulot me rattrape, Obama & Clinton, Wall street, quelques avant premières… plus le temps de blogger, à peine d’y penser. Dans un coin de ma tête l’analyse se poursuit tout de même. Je pense à  Yevgeny Khaldei, photographe emblématique de la seconde guerre mondiale, mais dont la photo du Reichtag est en réalité une reconstitution d’événement (par ailleurs retouchée pour des raisons de politique intérieure). Je pense aux images d’Alexandre Gardner prises pendant la guerre de sécession qui tenaient plus du tableau que du photojournalisme, et je pense enfin à ce photographe de Reuters au cœur de la polémique l’an dernier.

Si la photo est un instrument de témoignage, elle est également un instrument de propagande que toutes les démocraties ou dictatures ont souhaité mettre à leur service pour coroborer leurs stratégies (remember Colin Powel présentant les camions d’armement chimique Irakien ou JFK montrant les missiles cubains?).

Et là, aujourd’hui, nouvelle info, qui démontre à quel point le sujet de la guerre en Irak est devenu une affaire sensible aux États Unis, que le regard porté par le public Américain sur la situation Irakienne est à la fois erroné et manipulé et enfin combien il est important pour l’administration en place de conserver une apparence de contrôle d’une situation déjà incontrôlable.

Le photojournaliste Zoriah ( Zoriah Miller de son nom complet) s’est vu retiré son accréditation “embedded” (journaliste embarqué avec l’armée US). En cause: la violation des conditions d’embarquement à savoir, la non publication de photos de Marines mort au combat. Le photographe qui s’explique sur PDN raconte qu’il avait posté une image sur le blog Warshooter, ne pensait avoir violé aucune règle et estimait par ailleurs que montrer les soldats distribuer des friandises aux enfants Irakiens n’était qu’un aspect (tronqué) de la réalité.

La preuve qu’en matière de manipulation d’image, photoshop contrairement à la censure laisse une chance à la vérité de surgir un jour.

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